倫理的主体性をめぐって : レヴィナスとナベール

Abstract

La présente étude est consacrée à Lévinas et Nabert, deux philosophes francais contemporains. Nous nous proposons de rapprocher leur pensée sous l'angle de la "subjectivité éthique." Ces deux philosophes, chacun d'une originalité remarquable, s'opposent dans la mesure où on peut dire que Lévinas est souvent abordé à travers le cliché de "l'éthique de l'autre" et que Nabert, de son côté, est considéré simplement comme un "philosophe de la réflexion". Cependant si on réflechit à la motivation profonde de leur philosophie, on comprendra comment ces deux pensées peuvent se retrouver sur un terrain commun : elles discernent, toutes deux, que la subjectivité proprement éthique, subjectivité caractérisée comme remise en cause interminable de soi-même, responsabilité toujours croissante est "la question des questions" qui doit être la source de la philosophie. Ce n'est plus ici le sujet comme fondement dernier de la certitude épistémologique, mais plutôt l'origine d'où tout est mis en question. C'est dans ce sens que l'on peut attribuer à l'éthique la position jadis dévolue à la "philosophie première". En plus, il est remarquable que la subjectivité ainsi comprise trouve sa détermination la plus intime dans un rapport dissymétrique avec "autrui". En d'autres termes, la radicalisation de la subjectivité éthique et l'insistence sur l'altérité d'autrui ne sont qu'une seule et même chose. La pensée de Lévinas ainsi que celle de Nabert gravitent autour de cette idée. Les deux penseurs la développent et l'approfondissent respectivement, mais à nos yeux de maniére complémentaire. En poussant l'altérité absolue d'autrui à son extrême, Lévinas propose de son côte une méditation sur la subjectivité qu'il considère comme "lieu sans lieu" où "se passe" l'Autre en tant que tel. Nabert, quant à lui, dans la recherche de "l'affirmation originaire" comme "principe" de la réflexion, prend une conscience de plus en plus nette du fait que cette affirmation ne constitue que la condition de possibilité de l'expérience "injustifiable" du mal. Cela le conduit à radicaliser la réflexion qu'il identifie avec un approfondissement de l'épreuve du mal, de sorte que cette réflexion doive meme s'imputer la "sécession avec l'autre conscience". Ainsi se croisent Lévinas et Nabert dans leurs préoccupations centrales. Nous sommes sûrs que cette "philosophie de la subjectivité éthique" peut contribuer énormément à la philosophie contemporaine par la nouveauté des approches qu'elle propose.