ベルグソンと習慣の問題

Abstract

Les philosophes francais dits spiritualistes du 19e siècle (Biran, Ravaisson, Boutroux etc.) se sont beaucoup intéressés au problème de l'habitude. Ce que j'ai voulu précisé dans cet article, c'est la place qu'occupe ce problème dans la philosophie de Bergson comme aboutissement du courant spiritualiste. Bergson n'a pas traité spécialement de ce problème. Mais il joue un rôle important et même décisif dans sa philosophie. L'habitude est le pivot des analyses bergsoniennes. Bergson a commencé sa philosophie par se demander si les difficultés philosophiques insurmontables ne viendraient pas de ce qu'on s'obstine à introduire l'habitude de la vie pratique dans le domaine de la spéculation pure. C'était en un sens pour le démontrer qu'il analysait la notion de l'intensité, celle de la liberté, le mouvement, la perception, l'intelligence etc. Partout il découvre l'influence de l'habitude. La perception et l'intelligence, se fondant sur l'action et allant à l'action facile et sûre, ont la tendance irrésistible vers l'habitude; de là la perception usuelle, le souvenir-habitude et le mécanisme de la pensée intellectuelle. C'est que l'être vivant cherche ce qui ressemble au passé, et ainsi tend à répéter. La reconnaissance tient a ce mouvement de répétition ou d'imitation. L'idée générale qui se fonde sur la ressemblance ou plutôt sur le mouvement d'imitation pourrait être considéréc comme habitude spéciale, ainsi que le temps et l'espace comme habitude générale. L'habitude est le produit de l'activité vitale. Mais une fois contractée, elle s'oppose à cette activité, et solidifie et immobilise le mouvement créateur de la pensée. C'est par suite de cette solidification ou immobilisation que l'intelligence devient ce qui arrête et fige l'activité de la pensée. Pour échapper à cette influence néfaste de l'habitude il faut revenir à l'attention et l'intuition. Or, chose curieuse, ce qui nous permet de dépasser définitivement une habitude périmée, c'est une autre habitude antagoniste, et la liberté se révèle souvent au sein de la lutte entre les deux habitudes (Cf. L'Evolution créatrice, pp. 184-5, 265). C'est la situation contradictoire de l'habitude. En effet il y a du compromis et de l'antagonisme entre l'habitude et la vie. Celle-ci se développe et à la fois se corrompt par celle-là. Bergson découvre cette situation contradictoire dans tous les domaines de la vie. L'espèce, qui pent être prise pour ce qui est habituel dans l'évolution de la vie, est le produit de l'évolution qui s'oppose à l'évolution. Le rire est une habitude qui corrige une autre habitude. Quant à la société, la morale closes et la religion statique, elles sont les espèces dans la vie humaine et ainsi sont les habitudes sociales. Pour les dépasser, on est nécessairement conduit à une autre forme d'habitude. Mais, au fond, on doit se référer à la spontanéité même de la vie qu'est l'elan vital. L'habitude se caractérise avant tout comme répétition du passé, et en ce sens elle est la matérialité dans la vie, la matérialité étant ce qui se répète entièrement à tout instant. Bergson cherche ce qui ne se répète jamais, - ce serait la définition même de la liberté bergsonienne. Le problème de l'habitude l'aide en la recherche.